Charte pour une évaluation constructive

Ce document a été élaboré par l'ensemble de l'équipe éducative

Cette charte est le fruit d’une réflexion de l’équipe éducative du Lycée du Bourget. Elle a pour vocation de proposer, et non d’imposer, des pistes pour donner de la cohérence, et du sens, aux démarches d’évaluation au sein de l’établissement.

Chaque professeur conserve sa liberté pédagogique, pour choisir les modalités d’évaluation de ses élèves, mais chacun s’engage à respecter la philosophie de cette charte, dans un esprit de bienveillance à l’égard des élèves, et de collaboration entre les membres de l’équipe enseignante.

Cette charte correspond pleinement aux ambitions du lycée en termes de résultats au baccalauréat, et d’entrée dans des études supérieures exigeantes. Elle vise à favoriser la réflexion des élèves, citoyens de demain, sur la question de la réussite. Une telle charte vise à développer les valeurs d’entraide, de collaboration, de confiance en soi et de goût de l’effort chez les élèves. Elle cherche à éviter que les élèves du lycée s’enferment dans l’échec, le découragement ou l’esprit de compétition aveugle. Au-delà de performances ponctuelles aux contrôles, sanctionnées par des notes, des moyennes et des classements, l’élève doit pouvoir s’inscrire, avec l’aide de ses enseignants et de ses pairs, dans une démarche d’ouverture intellectuelle, de dépassement de soi, et de respect des autres.

L’évaluation porte une part importante de ces ambitions de l’école.

Les enseignants du Lycée du Bourget ont choisi de ne pas supprimer la notation chiffrée. Cependant, leur réflexion s’inspire notamment des expériences menées par les établissements qui ont supprimé les notes au profit de tableaux de compétences, engageant ainsi de nouvelles formes de dialogues avec les élèves, et leurs familles, autour de la notion d’évaluation, et de réussite éducative.

Ainsi, les membres de l’équipe éducative du Lycée du Bourget s’engagent sur les axes suivants :

1. Contribuer à faire de l’évaluation un véritable outil de formation et de progression pour les élèves.

Faire de chaque devoir sur table une occasion de réussite. Fournir un effort constant d’explicitation auprès des élèves, en amont, pendant, et après un devoir : énoncer les attentes, le programme de révisions, et éviter les devoirs « surprise » ou les « pièges ». Ne pas hésiter à répondre aux questions posées en classe pendant un contrôle, pour éviter tout blocage. Fournir éventuellement des manuels ou autoriser la consultation des cours. Ne pas chercher à mettre trop tôt les élèves dans les conditions d’un examen, qui peuvent les paralyser plutôt que les stimuler.

2. S’émanciper de la crainte d’un prétendu laxisme du professeur. Ne pas considérer qu’encourager les élèves les conduise à la paresse. Eviter ainsi les remarques désobligeantes à l’écrit comme à l’oral, en cours ou lors des conseils de classe. Utiliser l’échelle entière de notation, en évitant l’effet de « constante macabre » qui veut qu’il y ait nécessairement un pourcentage de mauvaises notes au sein d’un paquet de copies.

3. Habituer les élèves à persévérer, afin de lutter contre leurs stratégies d’évitement. Si une copie blanche est rendue, inciter l’élève à refaire l’exercice. Si l’élève est absent, lui proposer un travail en remplacement. Si une note est très basse, lui donner des occasions de l’améliorer.

4. Evaluer les élèves de manière différenciée. Plutôt que de craindre les remarques sur une éventuelle inégalité entre les élèves, savoir aménager certains sujets de devoirs pour des élèves plus avancés, ou ceux en difficulté. Adapter la notation à ces différents cas. Habituer ainsi les élèves à être considérés de manière individuelle, tout en s’inscrivant dans une progression collective au sein de la classe. Les inciter ainsi à sortir de la comparaison avec les autres.

5. Favoriser la prise de distance des élèves avec les notes. Sans chercher à tenir un discours de relativisation qui pourrait créer de la confusion chez les élèves, et sans nier le fait que les examens soient évalués par des notes, les enseignants chercheront à éviter que les élèves se focalisent sur leurs notes, sur la « moyenne », et confondent leurs résultats avec leur valeur. Préférer, par exemple, le calcul de leur note médiane, plutôt que celui de leur moyenne.

6. Encourager la solidarité entre les élèves, en cherchant à limiter la comparaison et la compétition entre eux. Proposer des travaux collectifs, des séances d’auto-correction, et un dialogue réflexif entre eux sur la notion de réussite ou d’échec. S’autoriser des démarches originales d’évaluation des élèves : lettres, couleurs, symboles, notes collectives, voire suppression des notes pendants certaines périodes de l’année. S’inscrire dans une logique d’expérimentation en matière d’évaluation.

7. Contribuer à la réflexion collective de l’équipe éducative sur l’évaluation des élèves lors des concertations, des conseils de classe, et des rencontres avec les familles. Proposer, notamment, des idées pour une « boîte à outils » sur le thème de l’évaluation.

Cette philosophie de la bienveillance et de l’encouragement, et la réflexion menée sur l’évaluation, ne peuvent qu’instituer un dialogue fructueux et responsable entre professeurs et élèves, professeurs et parents, ainsi qu’entre les élèves eux-mêmes, mieux accompagnés dans leur progression et leurs efforts, mieux protégés de l’échec.